En France, on estime à 4 millions le nombre de personnes diabétiques (400 millions dans le monde). Sur ces 4 millions de diabétiques français, 35’000 sont porteurs d’une pompe à insuline (en Suisse, environ 3’000).
La pompe à insuline est un petit appareil qui libère de façon constante et automatique de l’insuline.
Une pompe à insuline se compose généralement de 3 composants :
Schéma d’une pompe à insuline. source : AFD
La pompe à insuline tente d’imiter le fonctionnement d’un pancréas normal, en libérant en continu de l’insuline sous la peau. A cela, le porteur de la pompe peut ajouter des doses supplémentaires d’insuline, appelées « bolus », afin de corriger rapidement sa glycémie.
La pompe à insuline permet ainsi une perfusion en continu et modulable d’insuline. Elle reproduit mieux la sécrétion physiologique d’insuline que les multi-injections quotidiennes.
Le principe du traitement par pompe à insuline repose ainsi sur la perfusion continue d’insuline qui est adaptée en fonction des mesures glycémiques et de différents paramètres tel que :
L’objectif est de maintenir continuellement la glycémie proche de la normale. Ceci permet de limiter la survenance de complications micro et macroangiopathiques.
Cette insulinothérapie intensive comprend :
Ces dernières années ont été marquées par le développement d’options complémentaires au logiciel des pompes à insuline apportant aux patients une aide au calcul des bolus ou leur permettant de choisir un profil particulier du bolus. A cela s’est ajouté la possibilité, pour certains modèles de pompes, de se connecter à un dispositif de mesure de la glycémie en continu, préfiguration d’un pancréas artificiel.
Expérimentée dans les années 1970, d’abord sous forme de pousse-seringue perfusant l’insuline en intraveineux, puis de perfuseur miniaturisé utilisant la voie sous-cutanée, la pompe à insuline a été d’emblée positionnée pour mimer la sécrétion d’insuline du pancréas grâce à l’administration continue et modulable d’insuline.
Le Dr Arnold Kadish et son premier
prototype de pompe à insuline.
Les premières pompes à insuline implantables ont été développées dans les années 1970 pour assurer un débit constant de perfusion intraveineuse d’insuline, principalement chez les diabétiques de type 2.
Les premiers modèles de pompe à insuline à débit variable sont apparus au début des années 1980. L’obstacle majeur à leur utilisation était alors la précipitation d’insuline amenant à des obstructions dans le réservoir et le cathéter. Ce n’est qu’avec la mise au point d’une solution d’insuline stabilisée par le polyéthylène-polypropylène glycol (Genapol) au milieu des années 1980 qu’un développement clinique de pompes implantables programmables a été vraiment possible.
Or, un frein à l’essor de la pompe à insuline est apparu suite aux incidents métaboliques aigus, parfois mortels de type acidocétosiques. Ces incidents étaient dus à la fiabilité limitée des pompes et des cathéters dont respectivement les pannes ou les obstructions occasionnant un faible dépôt d’insuline sous la peau.
Le retour en grâce de la pompe à insuline au cours des années 1990 est venu de trois grands facteurs :
Au vu des données cumulées et actuelles, la pompe à insuline administrant un analogue de l’insuline à action rapide apparaît comme la méthode de traitement du diabétique de type 1 la plus efficace.
Le risque principal du traitement par pompe à insuline est le défaut de perfusion d’insuline qui peut entraîner une acidocétose s’il n’est pas détecté et corrigé par le patient. Ce risque est inhérent à la méthode en raison du faible dépôt sous-cutané d’insuline au site de perfusion.
Une détérioration de l’absorption de l’insuline due à des altérations du tissu sous-cutané, par exemple en cas d’infection au site de perfusion peut également conduire à une hyperglycémie dangereuse.
Ce sont surtout les cas où une insulinothérapie intensive est difficile à réaliser, par exemple lors de :
Le bénéfice de la pompe pour les diabétiques de types 2 manque encore de preuves scientifiques conséquentes. Cependant, des travaux récents ont montré une efficacité similaire à celle des multi-injections dans cette population avec aucune prise de poids supplémentaire et une meilleure qualité de vie.
Une amélioration du concept pourrait provenir d’un accès en continu aux valeurs glycémiques. En effet, un capteur de glycémie en continu pourrait fournir des données utiles aux pompes afin qu’elles adaptent des doses d’insuline en fonction des glycémies. Avec ce capteur de glycémies en continu, des alertes pourraient être émises en cas d’hypoglycémie afin d’arrêter la pompe et d’éviter ainsi des hypoglycémies sévères.
Un autre développement prometteur de la pompe à insuline est l’évolution vers des dispositifs de perfusion miniaturisés sans cathéter, une sorte de « patch-pompe ». La détection des glycémies étant directement liée à la sécrétion d’insuline, on parle également de pancréas artificiel.
Merci à l’Association Française du diabète (AFD) pour cette vidéo explicative sur la pompe à insuline :
1 ) Louis Monnier, « Diabétologie », 2ème éd 2014.
2) C. Fermon-Marcolin, « Les pompes à insuline : retour vers le futur », Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 1, janvier-février 2007