Dernière mise à jour 3 juillet 2025 par Alberto Guardia

Pour mon épouse, dont le soutien quotidien m’a inspiré cet article.
Accompagner un proche qui vit avec un diabète est un acte d’amour et de soutien précieux. Que ce soit votre conjoint(e), votre parent, votre enfant ou un ami cher, votre présence peut faire une réelle différence dans sa capacité à gérer sa maladie et à maintenir une bonne qualité de vie. Cependant, trouver le juste équilibre entre un soutien efficace et un comportement qui pourrait être perçu comme envahissant ou infantilisant est un défi. Comment être là pour l’autre, l’aider concrètement, tout en respectant son autonomie et en prenant également soin de soi ?
Cet article s’adresse à vous, proches et aidants. Nous allons explorer ensemble :
- L’importance et les défis du soutien à une personne diabétique.
- Les erreurs à éviter pour ne pas devenir la « police du diabète ».
- Des stratégies pour offrir un soutien positif et respectueux.
- Des clés pour une communication bienveillante.
- L’importance cruciale de prendre aussi soin de vous.
Soutenir un proche diabétique est un marathon émotionnel et pratique ; bien s’y préparer permet de tenir la distance, ensemble.
Comprendre les défis de votre proche (et les vôtres)
Vivre avec un diabète implique une charge mentale et physique considérable : surveillance constante, calculs, planification, gestion des imprévus, peur des complications… Cette réalité peut engendrer du stress, de la frustration, de la détresse, voire un épuisement (1). Votre soutien est donc fondamental, car un faible soutien social est un facteur de risque de difficultés émotionnelles pouvant aller jusqu’à la dépression, chez les personnes diabétiques (2).
Cependant, en tant que proche, vous pouvez aussi vous sentir démuni, inquiet, ou même frustré surtout les premiers temps. La peur de mal faire, l’envie de « protéger » l’autre à tout prix, ou la difficulté à comprendre ce qu’il/elle vit peuvent parfois mener à des maladresses ou à une pression involontaire. Par exemple, mon épouse appréhende que je fasse une hypoglycémie sévère, non seulement par peur de la crise, mais surtout parce qu’elle doute de sa capacité à réagir correctement si je perdais connaissance.
Les « pièges » à éviter : ne devenez pas la « police du diabète »
Dans votre désir d’aider, certains comportements, même partant d’une bonne intention, peuvent être contre-productifs et générer des tensions :
- La « police du diabète » : Surveiller constamment ce que votre proche mange, le questionner sur ses glycémies à répétition, lui faire des reproches sur ses « écarts ». Ce type de contrôle peut être infantilisant et créer du ressentiment (3).
- Donner des conseils non sollicités : Même si vous avez lu des articles ou entendu des témoignages, votre proche est souvent le mieux placé (avec son équipe soignante) pour savoir ce qui lui convient.
- Minimiser ou dramatiser : Évitez les phrases comme « Ce n’est pas si grave » ou, à l’inverse, paniquer à la moindre alerte sans comprendre la situation.
- Faire à sa place systématiquement : Bien que l’aide ponctuelle soit appréciable, prendre en charge tous les aspects de sa gestion peut nuire à son autonomie et à son sentiment de compétence.
- Exprimer votre anxiété de manière excessive : Votre propre peur des complications ou des hypoglycémies peut devenir un fardeau supplémentaire pour votre proche.
Des interactions familiales négatives ou des conflits liés à la gestion du diabète peuvent exacerber la détresse de la personne malade et impacter négativement sa qualité de vie (3, 4).
Stratégies pour un soutien positif, respectueux et efficace
Alors, comment aider concrètement sans tomber dans ces écueils ?
- Écoutez avant tout : Offrez une oreille attentive et sans jugement. Parfois, votre proche a juste besoin de verbaliser ses frustrations ou ses difficultés sans attendre de solution immédiate.
- Informez-vous (avec son accord) : Proposez d’en apprendre davantage sur le diabète, par exemple en l’accompagnant à un rendez-vous médical (s’il/elle le souhaite) ou en lisant des brochures d’information fiables ou encore en parcourant www.diabetnutrition.ch. Cela vous aidera à mieux comprendre son quotidien.
- Proposez une aide concrète et spécifique : Au lieu d’un vague « Si tu as besoin de quelque chose… », demandez : « Puis-je t’aider à préparer les légumes pour le repas ? », « Veux-tu qu’on aille marcher ensemble ? », « Est-ce que je peux t’aider à chercher une nouvelle recette adaptée ? ».
- Soyez un partenaire dans les changements de style de vie : Si votre proche doit modifier son alimentation ou augmenter son activité physique, pourquoi ne pas adopter ces changements ensemble ? C’est plus motivant et cela montre votre solidarité. Ma femme a profité de ma recherche d’aliments à index glycémique bas pour réduire également son apport en sucre.
- Aidez à la gestion du stress : Le stress ayant un impact direct sur la glycémie, vous pouvez l’encourager ou participer avec lui/elle à des activités relaxantes (yoga, méditation, hobbies).
- Respectez son autonomie et ses choix : Votre proche reste l’acteur principal de sa santé. Soutenez ses décisions, même si parfois vous feriez différemment (tant qu’elles ne le mettent pas en danger évident).
- Célébrez les efforts et les petites victoires : La gestion du diabète est un travail de longue haleine. Soulignez ses efforts et les moments où les choses se passent bien, plutôt que de pointer uniquement les difficultés.

7 Stratégies pour un soutien positif
La communication : la clé d’un soutien ajusté
Une communication ouverte et bienveillante est essentielle :
- Choisissez le bon moment : Évitez de parler du diabète pendant les repas (sauf si c’est pour une question logistique ponctuelle) ou lorsqu’il/elle est fatigué(e) ou stressé(e).
- Utilisez le « je » plutôt que le « tu » accusateur : Dites « Je m’inquiète pour toi quand je te vois manger cela » plutôt que « Tu ne devrais pas manger ça ! ».
- Posez des questions ouvertes : « Comment te sens-tu par rapport à ton diabète en ce moment ? » plutôt que « Ta glycémie est bonne ? ».
- Validez ses émotions : « Je comprends que ce soit frustrant pour toi » peut être plus aidant qu’un conseil direct.
- Demandez-lui quel type de soutien il/elle attend de vous : C’est la manière la plus simple et la plus respectueuse de savoir comment l’aider au mieux. Ses besoins peuvent évoluer avec le temps.
Ne pas s’oublier en tant qu’aidant
Soutenir un proche atteint d’une maladie chronique comme le diabète peut aussi être exigeant et stressant pour l’aidant. Le fardeau des aidants, notamment des parents d’enfants ou d’adolescents diabétiques, est reconnu et peut mener à de la détresse ou de la dépression chez l’aidant lui-même (5). Pour pouvoir continuer à soutenir efficacement votre proche, vous devez aussi prendre soin de vous :
- Reconnaissez vos propres limites : Vous ne pouvez pas tout porter.
- Prenez du temps pour vous : Maintenez vos propres activités, loisirs et relations sociales.
- Ne culpabilisez pas : Il est normal de se sentir parfois fatigué, frustré ou impuissant.
- Cherchez du soutien pour vous-même si besoin : Parlez-en à des amis, à d’autres aidants (via des associations), ou à un professionnel si le fardeau devient trop lourd. Le bien-être parental, par exemple, a un impact direct sur les résultats de l’enfant diabétique (5).
Soutenir un proche diabétique est un rôle précieux qui demande empathie, communication et respect de son autonomie.
- Comprendre avant d’agir : Informez-vous sur le diabète et les défis qu’il impose.
- Éviter les pièges : Ne devenez pas la « police du diabète » ; privilégiez l’écoute et le soutien concret non jugeant.
- Communication bienveillante : Exprimez vos inquiétudes avec le « je » et demandez à votre proche de quel type de soutien il/elle a besoin.
- Soutien actif et positif : Participez aux changements de style de vie, aidez à la gestion du stress, célébrez les efforts.
- Prendre soin de soi : En tant qu’aidant, votre bien-être est essentiel pour pouvoir soutenir durablement.
Un soutien ajusté et respectueux est un pilier pour aider votre proche à mieux vivre avec son diabète.
FAQ
Pourquoi le soutien de l’entourage est-il si important pour une personne diabétique ? Le soutien de l’entourage aide la personne diabétique à se sentir comprise et moins seule face aux défis quotidiens de la maladie. Il peut améliorer l’adhésion aux traitements, réduire le stress et la détresse psychologique, et favoriser une meilleure qualité de vie.
Quelles sont les erreurs courantes à éviter (ex: « police du diabète ») ? Il faut éviter de constamment surveiller ce que la personne mange, de la questionner sans cesse sur ses glycémies, de lui faire des reproches, de donner des conseils non sollicités, de minimiser ses difficultés ou, à l’inverse, de dramatiser excessivement.
Comment puis-je offrir un soutien concret sans être infantilisant ? Proposez une aide spécifique (ex: « Puis-je t’aider à préparer le repas ? ») plutôt que de prendre les choses en main sans demander. Encouragez son autonomie et respectez ses décisions concernant sa gestion.
Quelles sont les meilleures façons de communiquer avec mon proche au sujet de son diabète ? Choisissez des moments calmes, utilisez des messages en « je » pour exprimer vos propres sentiments ou inquiétudes, posez des questions ouvertes pour l’inviter à s’exprimer, et surtout, écoutez activement et validez ses émotions.
Comment puis-je aider mon proche à faire face à la détresse ou au burnout lié au diabète ? Soyez à l’écoute sans jugement. Encouragez-le/la à parler de ce qu’il/elle ressent. Suggérez-lui de consulter son médecin ou un psychologue. Proposez votre aide pour alléger certaines tâches si cela peut diminuer son fardeau.
En tant qu’aidant, comment puis-je aussi prendre soin de moi pour ne pas m’épuiser ? Reconnaissez vos limites, accordez-vous du temps pour vos propres activités et besoins, ne culpabilisez pas de ressentir des émotions difficiles, et n’hésitez pas à chercher du soutien pour vous-même (amis, famille, groupes d’aidants, professionnel).
Où puis-je, en tant que proche, trouver des informations et du soutien ? Les associations de patients diabétiques sont une excellente ressource, tant pour l’information sur la maladie que pour le soutien aux aidants. Les professionnels de santé qui suivent votre proche peuvent aussi vous fournir des informations. Des groupes de soutien spécifiques pour les aidants peuvent exister.
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Bibliographie
- Emotional and Psychological Needs of People with Diabetes [Internet]. PMC – PubMed Central; consulté le 2025 Juin 4. Disponible sur: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6166557/
- Low Social Support and Risk for Depression in People With Type 2 Diabetes Mellitus: A Systematic Review and Meta-analysis [Internet]. PMC – PubMed Central; consulté le 2025 Juin 4. Disponible sur: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8841196/
- Ways to Alleviate Diabetes Distress: Tips and Resources [Internet]. DiaTribe; consulté le 2025 Juin 4. Disponible sur: https://diatribe.org/mental-health/ways-alleviate-diabetes-distress-tips-and-resources (Source [5] du rapport, mentionnant l’impact des interactions négatives avec la famille).
- (PDF) Relationship between Diabetes Family Conflicts or Problem… [Internet]. ResearchGate; consulté le 2025 Juin 4. Disponible sur: https://www.researchgate.net/publication/355270748_Relationship_between_Diabetes_Family_Conflicts_or_Problem_Recognition_in_Illness_Self-Management_and_Quality_of_Life_of_Adolescents_with_T1DM_and_Their_Parents (Source [68] du rapport).
- The prevalence of depression among parents of children/adolescents with type 1 diabetes: A systematic review and meta-analysis [Internet]. PMC – PubMed Central; consulté le 2025 Juin 4. Disponible sur: https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10014558/ (Source [69] du rapport, qui cite également la source [59]).
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