Dernière mise à jour 8 novembre 2023 par Alberto Guardia
Pour faire suite à notre article consacré au diabète gestationnel, nous vous proposons un focus sur les risques potentiels lors d’une grossesse chez une femme diabétique.
Pour cela, nous allons présenter les changements métaboliques normaux au cours d’une grossesse et mentionner dans des encadrés bleus les spécificités concernant spécifiquement les femmes diabétiques enceintes.
Les risques potentiels lors d’une grossesse chez une femme diabétique proviennent principalement des :
- changements métaboliques normaux au cours d’une grossesse
- complications dégénératives
Les changements métaboliques normaux au cours d’une grossesse
Premier trimestre
Lors du 1er trimestre, toutes les femmes enceintes sont soumises à des bouleversements métaboliques et hormonaux. Le but de ces bouleversements est de favoriser la mise en réserve de glycogène et de lipides chez la mère.
Pour favoriser la mise en réserve de glycogène et de lipides, les cellules de la femme enceinte sont plus sensibles à l’insuline. De ce fait, le glucose entre plus facilement dans ses cellules. Le premier trimestre se caractérise donc par une tendance aux hypoglycémies chez la femme enceinte.
Dans les toutes premières semaines de la grossesse, les besoins en insuline peuvent donc transitoirement baisser.
Deuxième trimestre
A partir du 2ème trimestre, il s’installe une résistance à l’insuline chez la mère conduisant à des hyperglycémies. Ceci afin de faciliter l’absorption des glucides par le foetus, favorisant ainsi sa croissance.
Si les doses d’insuline chez la femme diabétique enceinte ne sont pas adaptées, l’hyperglycémie résultante peut conduire à des acidocétoses (2 à 3% au cours de la grossesse chez une femme diabétique). L’acidocétose entraîne un risque élevé de mort foetale (10 à 20%).
Troisième trimestre
La résistance à l’insuline continue d’augmenter chez la mère jusqu’à la 33ème semaine d’aménorrhée (SA), augmentant également ses besoins en insuline.
Ultérieurement, la résistance à l’insuline se stabilise jusqu’à l’accouchement.
Le risque d’acidocétose est encore plus élevé lors du 3ème trimestre, et peut être majoré par la nécessité d’introduire des corticoïdes ou des beta-mimétiques en cas de menace d’accouchement prématuré.
Accouchement
Les besoins en insuline chutent brutalement lors de la délivrance, et reviennent très vite à leur niveau de base.
L’adaptation des doses d’insuline doit être rapide en post-partum, notamment en cas d’allaitement, de façon à éviter les hypoglycémies.
Les complications dégénératives
Rétinopathie
La grossesse augmente le risque de survenue d’une rétinopathie (de 10 à 20%) ou de son aggravation (de 25 à 80%). Ce risque persiste jusqu’à un an après l’accouchement. En l’absence de rétinopathie préexistence, il s’agit le plus souvent de formes minimes, non prolifératives.
La surveillance en cours de grossesse est impérative et le recours au laser pendant la grossesse est possible.
Néphropathie
La grossesse ne semble par accélérer à long terme l’évolution de la néphropathie diabétique. En revanche, l’existence d’une néphropathie diabétique est très péjorative pour le pronostic fœtal. Les risques sont : la prééclampsie et un retard de croissance intra-utérin.
Références :
1 ) Louis Monnier, « Diabétologie », 2ème éd 2014.